"La vie d'un métier… Coiffeur"
par Patrick Amiot.
Éditions du Bélier, réédition actualisée 2004
"De tout temps, les peuples ont consacré de grands soins aux cheveux et les ont arrangés avec plus ou moins de goût.
L'histoire de la coiffure nous révèle les mœurs et les coutumes des peuples et des époques. Elle explique pourquoi certaines coiffures marquaient le prestige d'une fonction ou d'une profession; elle montre l'influence d'un pouvoir en place, l'exigence d'un système, le combat des religions contre l'excès de la parure.
Les cheveux ont toujours été entourés de symbolisme : la force, la virilité, le pouvoir, la contestation, la noblesse.
Lorsque par traîtrise, Dalila coupe les cheveux de Samson, ce dernier perd ses forces, qui n reviendront qu'à la repousse de sa chevelure. Couper les cheveux à un ennemi est le plus grand outrage que l'on puisse lui imposer. La coutume du scalp est aussi le symbole de la force que l'on arrache à sa victime. C'est par un geste presque similaire, le rasage du crâne, que l'on impose un affront à un prisonnier ou à un condamné à mort et que l'on a puni la femme accusée de relations intimes avec l'envahisseur.
Le rasage de la chevelure signifie la perte totale de la personnalité et la soumission à une personne ou à un régime totalitaire. Cet outrage imposé dans les camps de concentration en est le meilleur exemple, et son but était bin d'abaisser la personnalité de chaque être en lui ôtant ses signes distinctifs.
Dans la chrétienté occidentale, la consécration à Dieu a imposé la coupe de cheveux ou la tonsure aux religieuses et aux moines. Cette mutilation volontaire s'oppose à l'abondance de la chevelure qui est considérée comme base de séduction et donc de péché.
Pour l'homme, la dignité et le statut social sont visibles à la longueur de ses cheveux. Les cheveux longs sont l'attribut de l'homme libre, du guerrier, du noble et du dieu. Chez les Grecs et les Romains, les esclaves et les domestiques portent les cheveux courts. L'affranchissement ou la réussite sociale les autorisent à se laisser repousser les cheveux. La coupe de cheveux à ras chez les jeunes recrues est ressentie comme une brimade, un asservissement, une mise au pas peu appréciées. À une époque récente, la réponse ne s'est pas fait attendre, et les cheveux longs, symbole de révolte contre l'autorité en général et objet de conflit entre les générations, furent aussi un signe de ralliement de la contestation et un moyen d'afficher ses opinions politiques."
Le domaine du cheveu proprement dit est vaste, et les expressions populaires en reflètent toute l'importance : « avoir un poil dans la main », « s'arracher les cheveux », « avoir mal aux cheveux », « à un cheveu près », « comme un cheveu sur la soupe », « couper les cheveux en quatre », « sentir les cheveux se dresser sur la tête », « ne pas toucher un cheveu à quelqu'un », « saisir l'occasion aux cheveux », « cela tient à un cheveu », « fin comme un cheveu », « c'est tiré par les cheveux », « se faire des cheveux », « cheveux d'ange », « avoir un cheveu sur la langue », etc.
Les premières civilisations dites évoluées connaissaient déjà la perruque. Les perruquiers, ne manquant jamais de savoir-faire et d'imagination, s'organisèrent très rapidement. Les perruques avaient le pouvoir de transformer les visages, d'imposer une personnalité et de donner une silhouette inspirant le respect. La grande mode des perruques aux XVIIe et XVIIIe siècles entraîna un commerce important, fondé sur l'échange ou l'achat de chevelures entières puisées à même la source: sur la têtes des femmes. L'ampleur de ce « trafic » rarement équitable pour les « donneuses » s'est prolongé, quoique de façon réduite, jusqu'au début du XXe siècle.
L'acte de naissance de la corporation des « barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes » date de 1292. Dès sa création, cette corporation forte de 151 maîtres, fut en conflit avec les chirurgiens de « robe », profession noble qui ne soignait et ne rasait que la noblesse. Les barbiers, gens fort serviables et aimés du petit peuple, eurent le mérite et le talent, outre de faire la barbe, de soigner les petits et les grands maux. S'occupant à cette époque du corps tout entier, qu'ils soignaient et qu'ils embellissaient, ils devinrent les confidents, les médecins de famille à qui l'on ne cachait rien. Les obligations des deux corporations restèrent longtemps assez floues. Louis XIII et Louis XIV y mettent bon rodre en décrétant que « les chirurgiens ne doivent plus raser et que les barbiers n'auraient dû jamais opérer ». Qu'importe, puisque l'on s'aperçoit que les coiffeurs de notre société actuelle, tout en ne se chargeant que d'une partie du corps (la tête) modèlent son aspect général et restent les confidents privilégiés de tous les bonheurs et les malheurs de leur clientèle.
La société contemporaine impose le refus du vieillissement. Cette atteinte de la nature, cette agression envers la beauté et la virilité trouve son remède dans la compétence du professionnel qui sait cacher le tempe grisonnante et onduler la mèche la plus rebelle. Quoi de plus naturel, en effet, que d'entretenir et de transformer sa chevelure. Considérée comme le siège même de la vie, la chevelure est le symbole de la représentation. Elle fait l'objet de soins et d'une attention tout particuliers. Le besoin de plaire et de se plaire sont entrés dans le quotidien. Que de variations cependant dans la mise en place de la chevelure! Elles expriment les tendances d'une époque et se soumettent, si possible, aux idées des grands créateurs.
Grâce aux instruments façonnés par les mains d'artisans habiles, il est possible d'évoquer l'évolution d'un métier.
On comprendra donc l'acharnement de certains collectionneurs qui, avec amour et persévérance, recherchent, et rassemblent ces objets, et transmettent à travers eux la mémoire d'une corporation.
Depuis les origines, la coiffure est un art. Ne faisons pas l'erreur de marcher en aveugles en pensant que tout a commencé avec nous. Nous ne sommes que les maillons d'une longue chaîne.
Voici l'histoire des coiffeurs et de la coiffure.
Soyons conscients que, tout en héritant du passé, nous préparons l'avenir!"
D'où aujourd'hui, pour moi une évolution de ce métier par la Coiffure Biodynamique, qui prend en considération la personne dans sa totalité, les rythmes de la Lune et des Saisons.
Sandra • Coiffure Biodynamique • 44 Nantes/Carquefou
• INFOS & Rdv au 06 45 79 27 23